Carême : 2010

DIEU CHOISIT LA VIE

Quand la croix ouvre les tombeaux

Au coeur de l’Evangile des chrétiens, il y a cette
mauvaise nouvelle : le Seigneur est mort ! Comment cette
mort ,œ cruelle et infamante ,œ a pu faire dire à l’officier
qui commandait le peloton d’exécution : « cet homme était
vraiment le Fils de Dieu ! » ? Comment en vient-on à soutenir
ce paradoxe que cet épisode de la croix est un laissez-
passer pour la vie ?

Chercher au-delà du paradoxe

Beaucoup de nos contemporains s’interrogent sur
les crucifix des églises, sur une culture réputée chrétienne
qui semble surtout relever d’un culte morbide du dolorisme.
Et, c’est à bon droit, que certains se détournent de
ces images mortuaires.

Beaucoup de chrétiens, et nous avec eux, ne se
reconnaissent pas dans une religion du sacrifice où un
Dieu réclamerait la mort de son propre fils innocent pour
consentir à abandonner sa sainte colère. Beaucoup sont
choqués que la vie humaine soit toujours considérée comme
coupable, et qu’il faille payer du sacrifice de la vie ici
bas l’espoir d’une vie céleste. La référence à la croix évoque
alors un Dieu méchant et sanguinaire. La croix apparaît
comme un épisode en trop dans l’histoire de Jésus, une
tache qu’il faudrait gommer.

Alors comment soutenir qu’un laissez-passer pour
la vie puisse passer par la croix ? Et pourquoi vouloir le
soutenir ?

Juste parce que parfois, les impressions premières
sont trompeuses ? Juste parce qu’il arrive qu’on meure de
s’être aventuré sur des chemins qu’on croyait pleins de vie.
Et les exemples ne manquent pas : les amours destructeurs,
la drogue, les pratiques extrêmes, qui ne donnent le sentiment
d’être vivant que de flirter avec la mort parfois de
façon suicidaire. Juste parce qu’il arrive au contraire que des
chemins arides soient porteurs des plus belles promesses.

Si la référence à la croix est constante dans le Nouveau
Testament, ce n’est peut-être pas par un goà »t immodéré
pour le sang et la cruauté. Il y a peut-être une façon
de la comprendre qui ne l’évacue pas et qui, en refusant de
la caricaturer, lui rend sa place libératrice.

Au verset de Luc : « laisse les morts enterrer leurs
morts, et toi, c’est en marchant que tu annonces le Royaume
de Dieu », vient faire écho un autre verset, sous la plume
de Matthieu, cette fois. Il est le seul à rapporter ce détail,
au moment de la mort de Jésus : « la terre trembla, les rochers
se fendirent, et les tombeaux furent ouverts. Les corps
de beaucoup de saints endormis furent réveillés. Sortant des
tombeaux après son réveil, ils entrèrent dans la ville sainte
et se manifestèrent à beaucoup de gens. »
Un détail, qui a trop de résonnance avec notre thème
pour ne pas s’y attarder.

Un événement qui ébranle les fondements du monde

La terre trembla, dit Matthieu. Mais rien de
commun avec les séismes tragiques d’Haïti, du Chili ou
d’ailleurs. Car, ici, si la terre a tremblé ce n’est pas pour
engloutir des vivants, c’est pour libérer des morts. Et c’est
bien pour cette raison que ça vaut la peine de s’attarder sur
cet instant de la croix.

Qu’est-ce qui fait trembler la terre sur ses fondements,
au point d’ouvrir les tombeaux, de libérer les morts
de ce qui les a tués ?

Il y a quelque chose d’incongru, comme un anachronisme
dans ce verset qui parle des « saints », c’est-à -dire
des membres de l’Eglise, avant même qu’elle soit constituée.
Parce qu’à la mort de Jésus, il n’y avait ni saints ni
Eglise. L’Eglise n’apparaîtra qu’à Pentecôte. C’est comme
si Matthieu nous prévenait : ne prenez donc pas mes mots
au pied de la lettre, puisque délibérément je ne les ordonne
pas dans le temps. Je ne vous fais pas un compte-rendu de
ce qui s’est passé. Je veux vous transmettre un message. Je
télescope le temps, mais c’est pour que vous sachiez que ce
que je vous dis est encore vrai pour vous, aujourd’hui. Des
morts sont réveillés, des gens enterrés dans des mémoires
tueuses peuvent être relevés, encore aujourd’hui.

Dans des mémoires tueuses, parce que, à la différence
de Luc, Matthieu utilise un mot qui signifie « souvenir,
mémoire » pour désigner les tombeaux. Le tombeau
nous enterre en nous tenant enfermés sous le poids
d’un passé, ce qu’on en sait ou ce qu’on croit en savoir.

Ces tombeaux se sont ouverts au moment de la crucifixion.
Ils peuvent s’ouvrir encore aujourd’hui. A la mort
de Jésus, quelque chose a ébranlé la mémoire religieuse,
l’a fendue, l’a déchirée à l’image des rochers et du voile
du temple. Les quatre évangélistes rapportent le déchirement
de ce voile. C’était une pièce de tissu qui isolait
le lieu le plus sacré du reste du temple. Il délimitait un
espace vide, manifestant la présence de Dieu comme une
absence. Si le rideau se déchire, de haut en bas, c’est que
le ciel s’ouvre : Dieu se dévoile ; l’absence devient habitée.
De façon paradoxale, la mort du Crucifié donne vie
à cette absence de Dieu. La mort de Jésus donne chair à 
l’absence de Dieu.

Ce dévoilement manifeste une vérité sur Dieu : il
est présent dans cette mort. Non pas spectateur céleste
enfin satisfait, mais présent et partie-prenante, acteur.

Une brèche est ouverte dans toutes les images religieuses
que l’humanité gardait en mémoire jusqu’à maintenant.
Un séisme vient ébranler les certitudes qui constituaient
pour nous des tombeaux. Qui nous maintenaient
tournés vers un Dieu tel que nous l’avions toujours rêvé,
tel que nous l’avions toujours construit : à l’image de tout
ce que nous ne sommes pas.

Même si cette image nous faisait souffrir, même si
ces images nous menaçaient.

Cet instant de la croix ouvre un nouvel horizon, et
nous invite à nous retourner pour accueillir le Dieu qui
vient, un Dieu inédit, qui échappe à l’espace confiné où
le tenaient nos préjugés religieux et nos croyances naturelles.

Vient un Dieu qui est vraiment Autre. Vient un
Dieu qui nous réveille.

« Laisse les morts enterrer leurs morts à€°loigne-toi
des dieux que tes penchants naturels produisent, et en
chemin tu découvriras un Dieu autre, vivant comme tu
ne pouvais même pas l’imaginer »

Un événement qui abolit le sacré

Pourquoi Jésus est-il mort ? D’abord parce que c’est
un humain et que tous les humains sont mortels. Mais
tous ne meurent pas d’avoir été condamnés. Tous ne meurent
pas d’être légalement assassinés par une collusion
quasi unanime entre le pouvoir politique, le pouvoir religieux
et le peuple.

Cette unanimité est à interroger. Jésus n’irrite pas
que les puissants parce qu’il dénonce leur iniquité. Il n’attire
pas l’hostilité des seuls religieux parce qu’il désavoue
leur pratique. Il ne met pas en colère que le seul petit
peuple parce qu’il ne satisfait pas son ardeur nationaliste.
Il soulève la haine de tous ! Ou presque C’est la foule
toute entière qui crie : « crucifie-le ! ».

Car il remet en cause un consensus sur ce que tous
tiennent pour un ordre sacré. Ou quasiment tous. Même
les victimes de cet ordre. La plupart de ceux qui ont approché
Jésus pour demander une guérison ou une délivrance
l’ont pris pour un faiseur de miracles, peut-être un
peu plus puissant que les autres, mais de la même veine.
Ils n’avaient pas le sentiment de devoir être délivrés d’un
mal plus profond, enfoui dans leur compréhension du
monde, d’eux-mêmes et de Dieu. Et pourtant, tout leur
mal était là .

C’est pour cette raison que les miracles sont d’abord
des actes de délivrance spirituelle. Ainsi la lèpre, la paralysie,
la folie, la cécité, la boiterie, l’impotence, la mutité, la
surdité, ne sont que les symptômes d’un malheur enraciné
bien plus profondément : le rapport au sacré.

Tout l’ordre social, culturel, religieux était fondé,
et est encore aujourd’hui fondé, sur des choses qu’il ne
faut pas remettre en cause, qui sont intouchables et tenues
pour sacrées par tous. Même par ceux qui en souffrent.
Peut-être même d’abord par ceux qui en souffrent. Pilate
est moins prompt que la foule à condamner Jésus. Il semble
même ne s’y résoudre que pour céder à sa pression. La
férocité des puissants trouve souvent si ce n’est sa cause, du
moins sa justification dans l’appétit de cruauté des faibles.
Au fond, ce n’est pas un système politique ou religieux que
Jésus conteste. C’est la structure de toute humanité qui
de façon naturelle s’invente des sacrés comme garants de
l’ordre de son monde. Comme une mémoire inconsciente,
qui n’a pas besoin de se dire croyante, pour constituer
une religion. Aujourd’hui, ce serait sans doute un sacré
éclaté, qui irait du dieu de la performance économique à 
la déesse de l’épanouissement personnel, en passant par
la croyance indéfectible dans l’échange, le libre échange.
Divinités du libre échange appelées communication, aussi
bien que tourisme sexuel... Bref, aujourd’hui, comme du
temps de Jésus, il y a des choses qui sont tenues pour sacrées,
et qui en retour nous tiennent. Une seule chose leur
est demandée : être infaillibles pour justifier l’ordre établi,
légitimer la réussite des uns et amoindrir l’amertume des
perdants. Et pour qu’elles soient infaillibles, on les rend
intouchables. Jésus a osé y toucher, il doit être exécuté !
Il est condamné au nom de l’ordre sacré, de la mémoire
sacrée qui nous enterrent tous dans le même ordre social,
culturel, politique ou religieux.

Un événement qui conteste la loi

Le juste parmi les justes a été mis à mort au nom
de la loi qui devait établir la justice. Cherchez l’erreur ! La
mort du Christ conteste la loi, ou plutôt l’usage qu’on en
fait.

Au lendemain de la libération de l’esclavage en
Égypte, la première chose que Dieu fait est de donner à 
l’humanité une loi pour vivre la liberté. Une loi qui tient
en dix paroles. Les quatre premières concernent notre rapport
à Dieu, les six suivantes les relations entre les humains.
Les secondes sont la conséquence des quatre autres
qui pourraient se résumer à ceci : ce qui est sacré, c’est
qu’il n’y a rien de sacré ! A part Dieu, lui-même. Mais
attention ! Dieu en tant qu’il est impossible à représenter
 ! Dieu en tant qu’il abolit tous les sacrés, en tant qu’Il
échappe à toutes les religions, qui cherchent à le contenir
dans leurs pratiques sacrées.

L’Evangile conteste donc les religions. Pour lui la loi
n’est pas d’abord un contenu, une norme à appliquer, une
recette sainte pour vivre. Elle est d’abord ce qui désigne
une altérité au coeur du monde : quelqu’un qui échappe à 
tous les sacrés et qui les rend nuls et non avenus. La loi,
c’est la place de l’autre dans ma vie, ce qui signifie [1] , délimite
et garantit sa présence. Voici sa vocation première :
ménager la place de l’autre. Car il n’y a pas de vie véritable
sans l’autre. La loi donnée à Moïse désigne avant tout
Celui qui parle, l’auteur des dix paroles. C’est pourquoi
la Bible ne les appelle pas les dix commandements, mais
les dix paroles : avant de dire quelque chose, elles disent
d’abord « quelqu’un » qui parle. La loi entendait permettre
un juste rapport aux hommes, en ouvrant à un juste rapport
à Dieu Mais la loi a été érigée en dieu ! Elle a été
dépouillée de sa justice : elle n’est plus capable d’établir un
juste rapport entre les humains, puisqu’elle n’ouvre plus
sur un juste rapport à Dieu. La loi a mis le juste à mort !

En faisant mourir le juste au nom de la loi, la croix
dénonce le détournement religieux de la loi. Elle conteste
tout ce qui nous réduit à n’être qu’un rouage dans le système
économique, social, moral ou religieux : notre identité
véritable échappe à tous ces pouvoirs.

C’est une révolution radicale ! La terre trembla, les
rocs se fendirent.

La loi a été trahie. Elle devait nous affranchir de
tous les sacrés qui nous instrumentalisent, elle est devenue
un ordre sacré. Pourquoi détournons-nous toujours
la loi ?

Qu’importe, après tout ! Jésus-Christ ouvre les tombeaux
dans lesquels nous nous enterrons nous-mêmes tels
des morts-vivants. Alors les tombeaux s’ouvrirent

Au-delà de la contestation, une présence inimaginable

La croix ne fait pas que dénoncer l’instrumentalisation
religieuse du sacré. Ce serait déjà une bonne nouvelle,
mais qui nous laisserait dans une solitude désolée Qui
nous amènerait inéluctablement à reconstruire d’autres
idoles, d’autres idéaux qui nous feraient, à leur tour, marcher
au pas. Nous serions peut-être un peu plus conscients,
mais un peu plus accablés.

Heureusement, la croix ne fait pas que dénoncer
le sacré. Elle le fait imploser : Dieu est présent dans cette
mort. Il ne se dérobe pas, ne se retire pas de la scène, mais
Il se donne à voir, là où aucun sacré n’irait l’imaginer.

La croix est tout sauf un triomphe. La seule demande
de l’humanité réunie en un choeur unanime :
« descends de ta croix, si tu es un Dieu ! Sois digne d’être
appelé Dieu, fais voir que tu es le maître du sacré ! Alors,
nous fléchirons le genou, alors nous croirons » Non,
nous ne croirions pas du tout : nous subirions juste le poids
de nos fantasmes religieux, de notre soif de divin, de notre
secrète convoitise d’être comme des dieux, immortels.
Nous serions toujours prisonniers de nos dieux de punition
et de rétribution, de nos dieux qui se servent de la loi
pour nous évaluer. Prisonniers de la culpabilité qu’engendre
notre frustration de n’être que ce que nous sommes,
des humains. Si Dieu ne meurt pas, alors rien ne change :
on en fera toujours un maître redoutable et exigeant. Nos
amours resteront minés de notre secrète volonté d’avoir
des droits sur l’autre. Notre justice continuera de s’échouer
à l’écueil de la violence totalitaire de nos goulags. Notre
paix continuera de se payer du prix de la guerre.

Mais la croix a tout changé. C’est un Dieu nouveau
qui a paru. Dépourvu de tous les attributs divins, voici
un Dieu que nous n’imaginerons jamais parce qu’inimaginable.

Il se perd dans le point de fuite obscur de la mort.
Et pourtant, Il est là .

Voici un Dieu qui demeurera toujours hors de
portée de notre imagination, parce que l’événement de la
croix est inimaginable.

Savoir que Dieu est au-dessus de tout ce qu’il est
possible de penser et de dire, tout le monde en convient
Mais, c’est encore imaginable : c’est tout ce que nous
croyons de bien, tous nos idéaux portés au plus haut degré
de perfection. La lumière nous éblouit un peu mais elle
dessine encore quelque chose d’imaginable : elle ne peut
que briller !

Tandis que l’obscurité de la mort, demeure impossible
à imaginer. Révoltant et inadmissible. Comme une
défaite du sacré.

Et pourtant, il arrive que cette expérience soit fondatrice
en inversant tout ordre établi. Comme si le Dieu
qui se dévoile à la croix me disait : « Tu vois, je n’ai plus
rien Plus rien que tu puisses m’envier. Tu sais, ta vieille
tentation : devenir comme un dieu, posséder ce que tu
crois que j’ai et qui te fait défaut Eh bien, vois ! Que
me reste-t-il ? Rien ! Envolé tout ce que tu croyais être
mon apanage, mon privilège Je n’ai plus rien, je ne suis
plus qu’un coeur de misère. » Et déjà , c’est trop dire ! Déjà 
on réintègre l’imaginable, on reconstruit. C’est toujours le
danger. Alors l’événement ne désigne plus l’impensable de
Dieu, mais le toujours déjà pensé.

Or la croix ouvre sur un impensable, elle constitue
un défi pour la pensée. Elle est une invitation non pas à 
penser moins, mais à penser autrement. Penser à partir
d’une expérience et non à partir de la mémoire religieuse,
comme l’officier romain qui, en voyant Jésus mourir, dit :
cet homme est vraiment le fils de Dieu ! L’avenir de ce
militaire ne nous est pas connu : nul ne sait s’il est devenu
un proche de la communauté chrétienne. L’expérience
qu’il a faite l’affranchit de toute récupération religieuse. Il
vit seulement de cette découverte qui fonde un nouveau
rapport au monde, capable d’articuler tout ce qui est humain
,œ du meilleur au plus barbare-avec une espérance
renouvelée : rien de ce qui peut menacer l’humain n’aura
le dernier mot ! En mourant, Dieu a choisi l’humain, Dieu
a choisi la vie !

Bien sà »r, il y a toujours le danger de l’idole : faire
de la croix une doctrine, un savoir sur Dieu, un nouveau
lieu sacré. Bien sà »r, il y a toujours le risque de la vénération
doloriste et de sa charge sacrificielle : « après tout ce qu’il
a fait pour toi tu lui dois bien ta vie ! » Bien sà »r, si la
croix devient une idole appelant au sacrifice, alors Jésus est
mort pour rien ! Sa mort n’a pas allégé nos mémoires de
leur poids de sacré.

Mais voilà , l’événement a eu lieu : les tombeaux
se sont ouverts. On ne peut pas revenir en arrière Et la
résurrection est là qui nous l’atteste : le chemin ouvert par
la croix ne se refermera pas.

« L’instant de pure grâce était passé, comme passent
les instants d’amour fou. Puis la nuit se referme. Mais elle
n’est plus la même. Ne sera jamais plus la même. Désormais
la nuit porte, quelque part en son flanc gigantesque,
un trou. Une trouée par où le jour peut poindre à tout
instant ; jaillir et se mettre à luire. La grâce n’est qu’une
déchirure, très brève, fulgurante. Mais rien ne peut la
refermer. Une minuscule déchirure, et tout alentour se
trouve transformé. Non pas magnifié, mais transfiguré.
Car tout prend visage » [2]

Aujourd’hui encore, Dieu vient ouvrir les mémoires
sacrées qui nous étouffent.

Les dieux de peur auxquels il faut payer la vie sont
morts. C’est définitif : Dieu choisit la vie !

Notes

[1« Signifie » au sens de « faire signe » : la loi est le signe de la présence de
l’autre. Elle est d’une certaine façon sa signature : elle atteste dans l’espace
social symbolique l’existence de l’autre.

[2Sylvie GERMAIN, Nuit d’ambre, Gallimard, Paris : 1987, p. 359.