Carême 1929 :LE TOURMENT DE DIEUEn étudiant, l’année dernière, les divers aspects du conflit qui met aux prises le christianisme et le monde moderne [1], nous nous sommes trouvés en présence d’une détresse des âmes à laquelle maints observateurs reconnaissent, en dernière analyse, une signification religieuse. « Toutes questions », écrit Marcel Arland dans une phrase à laquelle j’ai emprunté le titre de nos entretiens de cette année, « toutes questions se ramènent à un problème unique, celui de Dieu ; Dieu, l’éternel tourment des hommes, soit qu’ils s’attachent à le créer ou à le détruire » [2]. Semblable affirmation repose-t-elle sur des illusions ou se fonde-t-elle dans la réalité de la vie ? Peut-on dire qu’il y ait eu de tout temps, qu’il y ait aujourd’hui encore dans l’humanité une préoccupation de Dieu, un besoin de Dieu allant jusqu’au tourment ? Si oui, comment ce tourment se manifeste-t-il ? Les hommes qui l’ont éprouvé, ou qui l’éprouvent, trouvent-ils quelque part un apaisement ? Et quel remède leur offre le christianisme ? Telles sont les questions dont nous abordons aujourd’hui l’examen. Ai-je besoin de vous assurer que je m’efforcerai d’y apporter, avec le respect de vos convictions, si différentes qu’elles puissent être des miennes, une sympathie ardente pour les âmes troublées, pour les esprits qui cherchent et souvent souffrent de ne pas trouver ? De votre côté, Messieurs, ne me marchandez pas votre collaboration dans une entreprise qui, pour être féconde, exige de vous, tout autant que de moi, un effort persévérant de compréhension, une ouverture, délibérément cherchée, de l’esprit et du cœur, et prêtez-moi cette attention dont Malebranche disait qu’elle est une prière naturelle de l’âme à la vérité. , I ,Est-il légitime de parler d’un tourment de Dieu, alors qu’autour de nous des multitudes de créatures humaines vivent, ou tout au moins paraissent vivre, sans avoir nul souci de Dieu ? Frivolité des uns, préoccupations professionnelles des autres, trépidation harassante de l’existence semblent éliminer de la vie d’un très grand nombre d’hommes tout besoin et, plus encore, toute pensée de Dieu. Cette pensée, d’ailleurs, des hommes qui vivent d’une vie intellectuelle déclarent qu’elle leur est totalement étrangère. Un savant qui, vers la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci, a mené, par ses ouvrages, une propagande vigoureuse en faveur de l’athéisme, écrivait : « Aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne trouve pas trace de l’idée de Dieu » [3]. Plus récemment, vous pouviez lire ces paroles, sous la plume d’un homme qui, avec un incontestable talent littéraire, a abordé, il y a quelques années, l’étude du problème des origines du christianisme : « Dieu, en qui nous sommes habitués à symboliser l’absolu, est l’invention d’un temps et d’un pays. Son crédit, si on le compare à ce qu’il fut aux siècles passés, a diminué... Dieu pâlit » [4]. Dans le même temps, un historien des religions, interrogé sur ce qu’il savait de Dieu, opinait que « dans le langage de tous les jours comme dans la littérature religieuse et profane, le mot de Dieu demeure à titre de survivance, mais n’implique que la longue histoire de nos illusions et de notre orgueil » [5]. S’il ne s’agit ici que d’une survivance, mieux vaudrait s’en débarrasser. Tel n’était pas cependant l’avis de Voltaire s’écriant : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer », et qui, cherchant une explication des choses qui satisfasse son esprit, avouait : L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer Au surplus, ce n’était point seulement pour résoudre le problème de l’origine du monde que Voltaire estimait utile une certaine croyance en Dieu, c’était aussi parce que, « dans la morale, il vaut beaucoup mieux reconnaître un Dieu que de n’en point admettre » [6]. Les modernes disciples de Voltaire reculent devant semblable affirmation. à€°coutez Renan : « Il se peut que les voix intérieures proviennent d’illusions honnêtes, entretenues par l’habitude, et que le monde ne soit qu’une amusante féerie dont aucun dieu ne se soucie. Il faut donc nous arranger de manière que, dans les deux hypothèses, nous n’ayions pas eu complètement tort. Il faut écouter les voix supérieures, mais de façon que, dans le cas où la seconde hypothèse serait la vraie, nous n’ayons pas été trop dupés... Nous devons la vertu à l’Éternel ; mais nous avons le droit d’y joindre, comme reprise personnelle, l’ironie. Par là , nous rendons à qui de droit plaisanterie pour plaisanterie, nous jouons le tour qu’on nous a joué » [7]. C’est de la même ironie que se pare l’un de nos critiques contemporains, dans une sentence qu’assurément il juge sans appel : « Entre amis sans préjugés, Dieu reste un sujet d’excellentes plaisanteries » [8]. Prenons garde, toutefois ! Sommes-nous sà »rs que, derrière ces attitudes verbales, ces positions intellectuelles et cette absence de préjugés qui s’affichent parfois si bruyamment, un malaise, une inquiétude tout au moins ne soit pas éprouvée ? Il y a un mystère des âmes dans lequel nous ne pouvons que très rarement pénétrer, mystère qu’exprimait ainsi Baudelaire : ...Il faut s’entourer de mystère, Oui, il y a un mystère des âmes, où s’élaborent parfois, sans même qu’elles s’en rendent compte, des transformations profondes et décisives qui préparent en elles l’éclosion de quelque chose qu’elles ne prévoient pas encore. Celui qui s’appelle aujourd’hui le Père Leseur, alors qu’il vivait au contact d’Elisabeth Leseur dont, il l’a dit lui-même, il ne comprenait ni même ne discernait l’ascension vers les cimes de la vie spirituelle, savait-il qu’en lui-même, un jour, un bouleversement total s’opérerait par quoi son âme et sa pensée, qu’il croyait fermement enracinées dans une incroyance teintée d’ironie, s’ouvriraient toutes grandes à la conviction de la réalité de Dieu et à la foi chrétienne ? Et n’était-ce pas hier, Messieurs, que nous pouvions lire, dans un journal politique, ces lignes du testament dicté au rédacteur en chef de ce journal par un publiciste, un journaliste, dont la pensée et les écrits apparaissaient imprégnés de voltairianisme, Ernest Vaughan : Vous savez que, depuis mon enfance et pendant toute ma vie, j’ai ricané des religions, aussi bien de celle dans laquelle je suis né, que de celle où vous êtes né, vous, Breton. Toute ma génération républicaine en ricanait comme moi. Eh bien, au moment où je vais disparaître, sans peur et autant que je l’ai pu sans reproche, je déclare... que je me suis trompé grossièrement... Je suis sà »r aujourd’hui, sà »r de toute certitude, qu’il est impossible de baser une société civilisée sur le matérialisme et l’athéisme. L’explication religieuse des mystères qui nous entourent n’est évidemment pas claire pour notre pauvre raison humaine ; mais l’explication matérialiste et mécanique des libres penseurs et des athées est encore moins claire... Je tiens à vous dire que je meurs en plein accord avec vous : si j’avais découvert plus tôt ces vérités, je les propagerais comme vous, sans peur du qu’en dira-t-on, sans peur du ridicule, sans peur des sarcasmes [10]. Combien de croyants d’aujourd’hui, incroyants d’hier, se souviennent avec douleur du temps où eux aussi, indifférents alors aux réalités de la vie spirituelle, s’associaient à des négations ou à des ironies ? Ne méconnaissons pas, toutefois, les réactions très différentes de l’esprit humain devant une réalité infiniment complexe. Auguste Comte a distingué, dès longtemps, deux familles d’esprits, ceux qui ont besoin de Dieu et ceux qui éprouvent un besoin non moins profond de manquer de Dieu [11]. Qu’il y ait, dans cette attitude, au regard des croyants, la conséquence d’un refoulement ou d’une atrophie du sens religieux, il n’en est pas moins vrai que ce besoin de l’absence de Dieu existe. Nous le constatons chez des hommes que nous rencontrons sur notre chemin ; parfois même il va jusqu’à une attitude de combat contre toute affirmation de Dieu. Mais, dans cette attitude agressive elle-même, ne pouvons-nous pas discerner une forme de l’obsession même de Dieu ? Parmi ceux qui luttent ainsi, Messieurs, à côté d’hommes qui, incontestablement, s’efforcent, par une propagande sournoise ou violente, d’extirper des consciences la foi en un Dieu qui donne à la vie humaine sa loi et son but, il en est qui, sans toujours s’en rendre compte, combattent, sous le nom de Dieu, une certaine notion, une certaine représentation de Dieu. Rien de plus émouvant, pour des croyants, que de se trouver en présence d’hommes qui, par fidélité à ce qui leur apparaît comme la vérité souveraine, livrent bataille à toute affirmation de Dieu. Évoquez le souvenir de Michelet, qui ne craignait pas de dire qu’il faisait la guerre aux dieux, parce qu’il entendait servir le Dieu de l’avenir. Il voulait un Dieu égal au désir de l’homme, un Dieu qui soit le Dieu de tous les hommes, et il considérait le christianisme comme incapable d’enseigner ce Dieu généreux : « L’obstacle à Dieu, s’écriait-il, ce sont les dieux ! » [12]. Et surtout, pensez à Nietzsche, le philosophe dont l’influence sur les hommes de ma génération a été si profonde. N’a-t-il pas proclamé dans tous ses ouvrages que la « Mort de Dieu » est l’événement le plus considérable de l’histoire de l’humanité ? A cette idée il donne, dans la Gaie Science, une expression dont la beauté tragique ne vous échappera pas. Écoutez ces paroles du fou qui, d’après Nietzsche, court, en plein jour, une lanterne allumée à la main, à la recherche de Dieu : Où est Dieu, criait-il, je veux vous le dire ! Nous l’avons tué, vous et moi ! Nous tous, nous sommes ses meurtriers ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu boire l’Océan ? Qui nous a donné l’éponge avec laquelle nous avons effacé tout l’horizon ? Qu’avons-nous fait en détachant cette terre de son soleil ? Où va-t-elle maintenant ? Où allons-nous ? Loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas, à présent, d’une chute ininterrompue ? En arrière, de côté, en avant, de tous les côtés ? Y a-t-il encore un haut et un bas ? N’errons-nous pas à travers un néant infini ? Ne sentons-nous pas le souffle de l’immensité vide ? Ne fait-il pas plus froid ? La nuit ne se fait-elle pas toujours plus noire ? Ne faut-il pas allumer des lanternes en plein midi ? N’entendez-vous pas déjà le bruit des fossoyeurs qui portent Dieu en terre ? Ne sentez-vous pas déjà l’odeur de la pourriture de Dieu ? , car les dieux aussi pourrissent ! Dieu est mort ! Dieu restera mort et nous l’avons tué ! Comment nous consolerons-nous, nous, les meurtriers entre tous les meurtriers ? Ce que le monde avait de plus sacré, de plus puissant a saigné sous nos couteaux, , qui lavera de nous la tache de ce sang ? Avec quelle eau nous purifierons-nous ? Quelles fêtes expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cet acte n’est-elle pas trop grande pour nous ? Ne devrons-nous pas devenir nous-mêmes des dieux, ne fà »t-ce que pour paraître dignes de l’avoir accompli ? [13]. « On voit, écrivait encore Nietzsche, ce qui a, en réalité, vaincu le Dieu chrétien ; c’est la morale chrétienne elle-même, la notion de sincérité appliquée avec une rigueur toujours croissante ; c’est la conscience chrétienne aiguisée dans les confessionnaux et qui s’est transformée, sublimée jusqu’à devenir la conscience scientifique, la « propreté » intellectuelle voulue à tout prix » [14]. Et pourtant, après être ainsi devenu athée par religion, Nietzsche apparaît obsédé, toute sa vie, par un seul problème : « Quel est pour l’homme, quel est pour moi le sens de la vie, étant donné que Dieu n’est pas ? » [15]. Dieu n’est-il pas vraiment le tourment des hommes lorsqu’ils le détruisent ? , II ,Mais il est aussi le tourment des hommes lorsqu’ils le cherchent ! Ah, cette soif de Dieu chez beaucoup d’incroyants et plus généralement dans l’homme qui souffre d’une détresse à laquelle il ne trouve aucun apaisement ! Sur tous les chemins suivis par la caravane humaine, nous pourrions rencontrer, auprès de citernes crevassées, impuissantes à étancher leur soif, de ces âmes en lambeaux et toutes saignantes dont parle saint Augustin [16]. Que cette aspiration ignore parfois longtemps à quoi elle tend, certes, nous le savons tous. Divers sont les noms que lui donnent ceux qui l’éprouvent. Pour les uns, c’est une nostalgie de l’être ; leur souffrance, c’est de se heurter en eux et autour d’eux à des limitations incessantes auxquelles se meurtrit leur aspiration à l’être et à l’être infini, souffrance qui s’exaspère dans certaines âmes en un besoin de néant. Elles connaissent alors cette angoisse métaphysique si poignante à constater, qui les fait, de toutes les forces de leur âme, aspirer au néant. Et c’est là l’envers du tourment de l’absolu qui caractérise, d’une façon si frappante, une grande partie de nos contemporains. Chez d’autres, c’est l’aspiration vers la vérité, vers le bonheur, aspiration dont Pascal notait les cruelles déceptions : « Nous souhaitons la vérité, et nous ne trouvons en nous qu’incertitude. Nous cherchons le bonheur, et ne trouvons que misère, que mort. Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur » [17]. Chez d’autres, ce sera l’aspiration incessante vers une justice qui se dérobe toujours, semble-t-il, à l’étreinte des pèlerins de l’existence terrestre. Chez d’autres, c’est le sentiment poignant d’un manque, d’un vide qui s’est creusé dans leur vie, peut-être après l’écroulement des premières croyances, ou bien encore l’aspiration vers une vie qui ne soit pas sans cesse comprimée, mutilée dans son épanouissement. « Nous ne vivons jamais, disait encore Pascal, mais nous espérons de vivre » [18]. Et comment ne pas évoquer enfin le tourment des âmes qui se sentent broyées par des forces aveugles, tourment qui transparaît dans ces vers qu’Anatole France écrivait naguère à propos de Leuconoé, et qui s’appliquent si bien, semble-t-il, à l’âme humaine aux prises avec la fatalité : Solitaire, du fond de sa grande détresse, D’où vient-il, ce tourment d’un Dieu inconnu ? Ceux qui le ressentent ne peuvent pas ne pas se le demander. Souvent, il leur semble qu’un conflit terrible a éclaté dans leur être moral, lutte plus terrible qu’un combat physique. Il y a comme un influx de forces obscures qui les pénètrent à nouveau. Mais d’où viennent-elles ? De quelle ascendance lointaine sont-elles peut-être la revanche ? De quelle action mystérieuse sont-elles peut-être le signe ? En attendant la réponse qui tarde à venir, ils trompent comme ils peuvent ce tourment auquel, sur tous les chemins, ils cherchent un apaisement. Baudelaire ne voyait-il pas, dans les vices mêmes de l’homme, comme une preuve de ce tourment qui va vers l’infini ? « Hélas, écrivait-il, les vices de l’homme, si pleins d’horreur qu’on les suppose, contiennent la preuve (quand ce ne serait que leur infinie expansion !) de son goà »t de l’infini ; seulement, c’est un goà »t qui se trompe souvent de route » [20]. Et assurément il pressentait une réalité splendide lorsque, parlant de créatures humaines qui, poussées par le besoin d’un absolu quelconque, tombent au-dessous de la bête, il disait : Dans la brute assoupie, un ange se réveille. Parole émouvante [21] qui fait écho à celle du chœur antique qu’il est permis d’appliquer, non à la seule Cassandre, mais à toute créature humaine : « Même esclave, le souffle divin est resté dans son âme » [22]. Avez-vous jamais eu l’occasion de lire le récit, fait par Tolstoï, des heures d’angoisse qui précédèrent sa conversion au christianisme ? Je sentis, dit-il, que ce sur quoi je me tenais se brisait sous moi, que le sol manquait sous mes pieds, que ce dont je vivais n’existait plus, que moralement je n’avais plus de quoi vivre... Ma question, celle qui, à cinquante ans, me conduisait au suicide, était des plus simples : elle gît dans l’âme de tout homme, depuis l’enfant stupide jusqu’au plus sage vieillard ; sans elle, la vie est impossible, comme j’en ai fait moi-même l’expérience... « Qu’est-ce qui sortira de ce que je fais aujourd’hui ? de ce que je ferai demain ? Qu’est-ce qui sortira de toute ma vie ? » « ...Pourquoi dois-je vivre ? Pourquoi désirer, pourquoi faire quelque chose ? » « ...Ma vie a-t-elle un sens, un sens qui ne soit pas aboli par la mort inévitable qui m’attend ? ». Peut-être connaissez-vous les paroles poignantes par lesquelles Sully-Prudhomme, « au terme de son étude sur la vraie religion selon Pascal, exprimait le tourment de toute sa vie, tourment de son intelligence cherchant la vérité avec angoisse, tourment de sa pensée cherchant la vérité et ne l’ayant pas trouvée ici-bas. « Quant à nous, concluait-il, après nous être en vain heurté le front à un horizon borné, clos d’infranchissables murailles, en soupirant, nous attendons avec humilité la réponse de la tombe à notre anxieuse interrogation » [24]. Ainsi, que ce soit dans la pensée, dans la conscience ou dans le cœur des hommes, partout, à toutes les époques de l’histoire de l’humanité, nous discernons les échos de ce tourment intérieur ; et il me semble que cette angoisse infinie de l’âme humaine s’exprime dans ce mot d’un de nos contemporains qui en a souffert plus que beaucoup d’autres : « Mon âme est triste et une soif que je ne connaissais pas la dévore » [25].. On relevait naguère, Messieurs, la place infime que Dieu a tenue dans la littérature de la fin du XIX° siècle [26]. Quel changement depuis lors ! Partout nous percevons, de nos jours, l’écho d’un trouble profond qui agite les âmes, et nous souscrivons à cette affirmation d’un penseur contemporain : « Dieu est plus que jamais au premier plan des préoccupations des jeunes hommes » [27]. Sans doute, dira-t-on peut-être, la guerre est la grande cause de ce changement, la guerre qui a, sans conteste, mis en évidence la fragilité d’une civilisation que nous croyions si solide, la guerre qui a placé des millions et des millions d’hommes, pendant quatre années et plus, en présence d’une possibilité toute proche de la mort ! Que la guerre ait précipité ce changement, en ait accru l’ampleur, je l’accorde ; mais il n’est pas moins certain que cette transformation des esprits avait commencé bien avant la guerre ! Un Péguy, un Psichari, un Jacques Rivière, ont éprouvé avant la guerre le trouble qu’ils ont communiqué à un grand nombre d’âmes. De ceux que je viens de nommer, sans doute Jacques Rivière est-il celui qui représente le mieux le tourment de Dieu éprouvé par de jeunes hommes à l’heure de leurs vingt ans. Vous rappelez-vous, pour les avoir lues dans sa correspondance avec Claudel, les paroles par lesquelles il se présente à celui dont il espère du secours : Me voici : vingt ans, comme tout le monde, sans bonheur ni malheur spécial ; mais une inquiétude, une inquiétude terrible qui veille en moi dès ma vie et me soulève sans cesse, et sans cesse m’empêche de me satisfaire ; une inquiétude qui me soulève en transports de volupté, en transports de désespoir, une inquiétude infatigable... Je sais que Dieu vous assiste et que vous vivez en Dieu... Et c’est pourquoi je suis résolu de vous demander la paix. Dès lors, vous vous en souvenez, nous le voyons engagé dans une alternative d’élans et de reculs. Il sait que son âme est misérable et dans l’angoisse, le tourment qui le tenaille lui apparaît effroyable, et cependant, il demande qu’on prenne patience. Il refuse de préférer Dieu à lui-même et il avoue que son orgueil lui apparaît tout à coup comme la cause d’une incompatibilité fondamentale entre lui et Dieu. Puis il se reprend, de nouveau il cherche la réponse à son tourment, et nous le voyons peu à peu orienter son aspiration vers le Dieu en qui, par la suite, et tout au moins pendant quelques années [29], il trouvera l’apaisement. Des âmes plus contemporaines des nôtres, encore, nous font entendre la même résonance. Tel Marcel Arland, qui écrivait un jour : Pour un peu de certitude, je donnerais de grand cœur les plus rares promesses d’une vie, et cette vie même. Mais si je cherche le calme au dehors, c’est le sommeil que l’on m’offre ; et si je le cherche en moi, je ne trouve que d’incessantes aspirations. Qu’il me soit donné de sortir de ce trouble intérieur, je n’hésiterai pas. Mais c’est à la fois le tourment et le réconfort de quelques-uns que de ne pouvoir se mentir ; ce trouble, pour espérer d’en goà »ter jamais l’apaisement, je sais trop qu’il est l’essence même de ma vie, et qu’il existe en chaque homme, bien que chaque homme s’efforce à l’étouffer [30]. Et à ceux qui partagent le même trouble, ne donnait-il pas dans le même temps ce conseil ? « Vous cherchez un but, une raison de vivre, une certitude. Toutes vos croyances sont disparues. Pourquoi aller ici plutôt que là , pensez-vous ; et vous diriez aussi : Pourquoi la vie plutôt que la mort, si vous n’étiez retenu par certaine lâcheté ou par quelque espoir dernier. Soyez franc : un seul événement pourrait vous apporter la certitude (je ne dis pas l’apaisement) : c’est un miracle. Vous voudriez que Dieu soudain vous apparà »t, et, lui-même, en caractères surnaturels, vous prescrivît sa loi. Ah, pour ce miracle que ne donneriez-vous pas et avec quelle joie ne le donneriez-vous pas ? Qu’il vous serait aisé de vivre après ce miracle, et plus facile encore de mourir ! Je l’ai vainement guetté parmi les hommes et loin d’eux. Pourquoi vous le dissimulerais-je : je n’ai pas encore cessé de l’attendre » [31]. Tel encore ce René Schwob, israélite d’origine, mais détaché de toute croyance, nous livrant, ces derniers mois, peut-être avec une hâte excessive, l’histoire de sa conversion. Tout d’abord, il avait reculé devant la nécessité de choisir, se demandant s’il ne convenait pas de demeurer dans une tragique hésitation, indécis entre lui-même et Dieu. Mais, par la suite, il avait découvert, au fond de lui-même, une passion irrésistible : la passion de trouver la vérité, son unité et la soif de Dieu. « Cette grande inquiétude du mystère qui dévore les meilleurs de ce temps, note-t-il, c’est l’inquiétude de leur âme qui s’agite au milieu de ses chaînes et dont les gémissements les troublent » [32]. « Une élite, me direz-vous peut-être, quelques littérateurs que vous avez choisis pour nous apporter le témoignage de leur tourment ou de leur anxiété ! ». Non, Messieurs ; pour peu qu’on se penche sur les âmes, dans les milieux les plus divers de la société contemporaine, l’on retrouve l’écho de cette même souffrance et les signes de ce même tourment. C’est par exemple, cet homme d’affaires dont nous parle René Schwob qui, enchaîné à sa tâche professionnelle, éprouve une souffrance intense de ne pouvoir se consacrer à ce qui, au fond de lui, s’agite et le trouble : l’inquiétude de Dieu [33]. Et ce sont, à l’heure même où je parle, dispersés dans les milieux où vous vivez, tant d’âmes, âmes de jeunes ou âmes d’hommes et de femmes déjà avancés sur la route de la vie, et qui, soudain, regardant en eux-mêmes, alors que, jusqu’alors, ils se sont laissé fasciner par le visible, découvrent cette aspiration, ce tourment qui est le tourment de Dieu. Quelle sà »reté dans ce diagnostic porté par un observateur contemporain : « Nous sommes, au fond, des mystiques inconsolables. L’orgueil seul et une certaine sécheresse de surface nous empêchent de nous l’avouer. Certes, le désordre du monde est pour beaucoup dans notre malaise. Mais, pour au moins autant, l’absence de Dieu... Quelque chose manque toujours à notre cœur » [34]. , III ,N’y a-t-il que les incroyants qui éprouvent le tourment dont nous venons de parler ? Ce serait une erreur de le croire. Nombreux sont les croyants qui le ressentent après leur accession à la foi. Eh quoi, s’écrieront plusieurs, après que des âmes soient nées à la vie de la foi, elles éprouvent encore un tourment de Dieu ? Mais, alors, à quoi sert donc la foi ? Je ne conteste pas que nous puissions voir, dans les diverses Eglises chrétiennes, de ceux qui font profession , et qui ont le droit de faire profession d’être chrétiens , nous donner l’impression d’éprouver comme une paix perpétuelle ; ne croyez pas, cependant, que ce soit là l’état constant des hommes qui, ayant rencontré sur leur route, ou plutôt dans les profondeurs de leur âme, le Dieu de Jésus-Christ, veulent s’offrir toujours plus à l’action de sa grâce. Sans doute, l’aspiration, l’angoisse, le tourment que peuvent éprouver les croyants sont tout autres que ceux que ressentent les incroyants. Ils impliquent déjà , au moins dans une certaine mesure et parfois dans une mesure croissante, la possession de Dieu. Ils ne sont pas incompatibles avec la paix de l’âme. Ce tourment de Dieu n’en est pas moins réel, et, à toutes les époques de l’histoire religieuse de l’humanité, nous en percevons l’écho. Rappelez-vous la parole du Psalmiste : « O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, mon cœur soupire après toi, comme une terre aride, desséchée et sans eau ». , « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu fort et vivant ! » [35]. Franchissons les siècles... Ne vous semble-t-il pas retrouver quelque chose de cette soif de Dieu, qu’exprimait le Psalmiste, dans ces paroles écrites d’hier : Mon Dieu, quel est cet abandon où vous me desséchez à présent ? Mon Dieu, ce n’est pas vivre, cette existence que je mène sans vous. Ah, je vous en supplie du fond de ma détresse, avec toute l’humilité lamentable d’un cœur qui confesse qu’il ne peut rien sans vous, ne m’abandonnez plus, Seigneur, dans ce dénuement excessif. Vous voyez bien que je ne suis pas encore bien vigoureux. Que vais-je devenir, mon Dieu, si vous ne me soutenez pas ? Je chancelle et j’hésite. Mon Dieu, ne m’abandonnez pas encore, je ne crois pas encore assez profondément en vous, mon âme n’est pas encore assez retournée pour que vous la livriez à ses propres faiblesses. Mon Dieu, je vous en supplie, laissez tomber encore quelques graines dans cette terre aride... Sa stérilité me désole. Je ne suis plus à présent comme du temps où j’ignorais votre joie ; non, mon Dieu, je ne puis plus retourner à ma sécheresse, à mon aridité [36]. C’est là le trouble qu’éprouvent souvent ceux qui viennent de naître à la vie de la foi. Mais il est une autre angoisse qui parfois remue leur âme jusque dans ses profondeurs ; c’est l’angoisse de se trouver engagés dans une aventure dont ils ne peuvent découvrir jusqu’où elle les mènera ; c’est le tourment des hommes qui, après avoir cherché Dieu, l’ont trouvé, et qui entrevoient tout à coup que ce Dieu, dont ils aspiraient à vivre, les entraîne sur des chemins où ils s’engagent avec un grand effroi. à€°coutez Jacques Rivière, devenu chrétien : Le christianisme gagne comme un incendie, comme la gangrène après un membre. Effrayante rapidité avec laquelle il se propage dans l’âme et apparaît, reparaît toujours plus loin, saisissant, emmenant de nouvelles forces, dont il fait sa proie. Je comprends cette peur qu’il inspire et que, pour une âme un peu conséquente, il puisse paraître terrible d’en être touché [37]. Cette peur, d’ailleurs, d’autres paroles de Rivière nous montrent qu’il l’a lui-même éprouvée : Peur de cet enchaînement terrible d’exigences où l’on tombe dès que l’on consent à Dieu. Je tremble que la patience dont j’ai pu faire preuve dans les maux que Dieu m’a proposés jusqu’ici ne l’engage à m’en proposer de nouveaux et de plus terribles. Je tremble de tomber dans cette misère continuelle et extrême où il plonge et maintient ceux qui se donnent à lui. Je ne suis pas fait pour ça ; je suis trop bien portant ; je suis trop au pas avec la vie. Mon Dieu, éloignez de moi la tentation de la sainteté. Ce n’est pas mon œuvre. Contentez-vous d’une vie pure et patiente que je ferai tous mes efforts pour vous procurer. Ne me privez pas de ces joies délicieuses que j’ai connues, que j’ai tant aimées, que j’aspire tant à retrouver. Ne confondez pas. Je ne suis pas de l’espèce qu’il faut... Ne me tentez pas avec des choses impossibles [38]. C’est encore le tourment des croyants qui, quelle que soit leur foi, que ce soient les croyances, à nos yeux bien pauvres, du paganisme, ou la foi s’affirmant dans l’une ou l’autre des confessions chrétiennes, laissent transparaître l’angoisse d’une séparation qui subsiste entre le croyant et son Dieu. Notons-en quelques exemples. Les païens, dont nous parlons si souvent sans les connaître, éprouvent ce tourment d’une séparation d’avec Dieu. Le missionnaire Rusillon, dans un récent ouvrage sur le paganisme, parlant des Noirs dont il a fait une si patiente étude, les montre comprenant ce qui les sépare de Dieu : ce sont eux les coupables, leurs légendes le disent sans détours. « Aujourd’hui encore l’âme païenne, à travers ses contes, légendes ou proverbes, s’accuse elle-même. Si elle est séparée de Dieu par un acte de volonté de celui-ci, c’est qu’elle l’a offensé gravement. La responsabilité de la rupture revient à l’homme, et l’homme n’a rien trouvé qui puisse lui ramener Dieu, et il en garde au cœur une profonde nostalgie » [39]. Même trouble dans les Psaumes d’Israël : « Je disais dans ma sécurité, je ne chancellerai jamais. Éternel, par ta grâce, tu avais affermi ma montagne ; tu cachas ta face, et je fus troublé » [40]. Et du Psalmiste, exposant son trouble à Dieu quelques siècles avant Jésus-Christ, venons au XVI° siècle, et recueillons le cri de détresse d’un Luther. Lui aussi, alors qu’il était au couvent d’Erfurt, éprouvait le tourment de Dieu. Et pourtant n’était-il pas bien convaincu de la solidité de sa foi ? Ma vie, dit-il, avait aux yeux de tout le monde, une grande apparence, mais non point aux miens. J’avais un esprit brisé, j’étais toujours triste. Toutes les consolations que je tirais de ma justice et de mes œuvres étaient impuissantes... Je montais à l’autel désespéré, et j’en revenais désespéré. Je faisais, pénitence, mais le désespoir ne me quittait pas [41]. Me sera-t-il permis, après avoir apporté le témoignage de l’âme païenne, de l’âme d’Israël et de l’âme d’un grand réformateur, de vous faire entendre encore l’écho du trouble d’un des plus subtils écrivains de la France contemporaine, d’un de ceux dont on peut dire que, s’il connaît les multiples postulations d’une âme vers Satan, il éprouve aussi les multiples postulations d’une âme vers Dieu ? Il écrivait un jour, à propos d’efforts de méditation religieuse : Abandonné mes lectures et ces pieux exercices que mon cœur, complètement sec et distrait, n’approuvait plus. N’y plus voir aussitôt que comédie et comédie malhonnête, où je me persuadais de reconnaître le jeu du démon. Voilà ce que me souffle au cœur le démon. Seigneur ! Ah, ne lui laissez pas le dernier mot... Ne laissez pas le Malin dans mon cœur prendre votre place. Ne vous laissez pas déposséder, Seigneur ! Si vous vous retirez complètement, il s’installe. Ah, ne me confondez pas tout à fait avec lui ! Souvenez-vous que j’ai pu vous aimer ! [42]. Messieurs, les croyants connaissent encore d’autres causes de trouble et de tourment. Il semble véritablement qu’à certaines heures, selon la parole de Job, « les terreurs de Dieu se rangent en bataille » contre eux [43]. Ils regardent le spectacle de la nature, et si, sans doute, pour certains, « les cieux proclament la gloire de Dieu », pour d’autres, au contraire, la nature, avec la terrible loi de la lutte pour la vie, est un scandale pour la pensée et pour la foi. Ils voient des souffrances que rien ne semble pouvoir justifier, ils sont témoins d’injustices criantes, et le Dieu auquel ils croient semble les vouloir ou les permettre. Ils sont saisis par le tourment de certains dilemmes, et leur conscience ou leur pensée, qui ne peut échapper à leur étreinte, se débat en vain. Ils voient les inconséquences auxquelles eux-mêmes semblent acculés dans leur effort pour que leur vie chrétienne ne soit pas rongée par les nécessités de la vie dans le monde, dans leur effort pour rendre réelle en eux-mêmes cette articulation de la vie surnaturelle et de la vie naturelle que les uns et les autres nous avons tant de peine à trouver. Et leur tourment s’exprime, d’un bout à l’autre de l’histoire religieuse de l’humanité, dans des paroles qui éveillent dans nos cœurs de profonds et douloureux échos. Comme il avait raison, Charles Péguy, lorsqu’il écrivait à son ami Lotte qui, comme lui, venait de naître à la vie de la foi : « Les catholiques sont vraiment insupportables dans leur sécurité mystique. Ils s’imaginent que l’état naturel du chrétien, c’est la paix, la paix par l’intelligence, la paix dans l’intelligence. Le propre du mystique, au contraire, est une inquiétude invincible. S’ils croient que les saints étaient des messieurs tranquilles, ils se trompent » [44]. Ce tourment de Dieu, dont nous avons relevé les traces dans les âmes, revêt, parfois, un aspect collectif. Ainsi, au III° siècle, « dans la lourde atmosphère d’une époque d’oppression et d’impuissance, tous ceux qui, n’ayant pas trouvé, dans les cultes officiels de la Grèce ou de Rome, une réponse à l’angoisse de leur cœur, se ruèrent-ils, en quelque sorte, vers les religions des Mystères qui leur apportaient une promesse de rédemption et de communion avec la divinité [45]. Ce furent, par la suite, les grands réveils religieux qui marquent, dans l’histoire du christianisme, des moments décisifs de croissance spirituelle, par exemple dans l’Angleterre du XVIII° siècle, au temps de Wesley, et, dans nos Églises de France, au début du XIX° siècle, ce réveil du sens religieux, cette renaissance de la foi et de la vie chrétiennes, s’affirmant dans des groupes nombreux. Je dois me borner à cette brève indication. En vérité, au terme de cette première étude, n’est-ce pas l’humanité tout entière que nous entendons dire avec le poète : « Je ne suis rien, Seigneur, mais ta soif me dévore » [46] ? Tel est le tourment de Dieu dans l’âme humaine. Son vrai sens ne pourra nous apparaître que plus tard. Mais, dès maintenant, me semble-t-il, vous devez comprendre dans son étendue et dans sa profondeur, la parole que je rappelais en commençant : « Dieu est l’éternel tourment des hommes ». Encore une fois, innombrables, je le sais, sont ceux qui ne l’éprouvent pas. Les exemples que je vous ai cités vous laissent-ils le droit d’affirmer qu’ils ne l’éprouveront jamais ? Et vous-mêmes qui m’écoutez aujourd’hui, incroyants solidement retranchés dans vos affirmations négatives, ou chrétiens confortablement établis dans une croyance paisible, que savez-vous si, tout à coup, au-dessous de ce calme plat de la pensée et de l’âme dont vous vous croyez assurés à jamais, une lame de fond ne viendra pas secouer le frêle esquif de vos convictions et susciter en vous une angoisse avec laquelle désormais il vous faudra vivre ? Ah, laissez-moi souhaiter que vous sachiez alors donner à cette angoisse son vrai nom et, sans errer à l’aventure, reconnaître en elle le tourment qui, dès l’aube de son histoire, a poussé l’humanité sur les chemins de Dieu ! Notes[1] Le Christianisme et le monde moderne, Paris, Fischbacher. [2] Sur un nouveau mal du siècle, « Nouvelle Revue française », 1° février 1924. [3] Le Dantec, L’Athéisme, p. 10. [4] Couchoud, Adieu au christianisme, dans La Renaissance religieuse, Paris, 1928, p. 141. [5] S. Reinach, Ce que je sais de Dieu, Paris, 1926, p. 141. [6] Dictionnaire philosophique ; art. Athéisme. [7] Feuilles détachées, pp. 394-398. [8] Paul Souday, Ce que je sais de Dieu, p. 161. [9] Recueillement. [10] La Victoire, 22 janvier 1929. [11] Cf. Guy-Grand, La Renaissance religieuse, p. 261. [12] Cf. Guéhenno, L’Évangile éternel, Paris, 1927, pp. 111, 116, 121. [13] Traduction de Henri Lichtenberger, dans la Philosophie de Nietzsche, Paris, 1900, p. 20. [14] Ibid., p. 21. [15] Ibid., p. 23. [16] Confessions, trad. Gougaud, Paris, Crès, p. 105. [17] Pensées (édit. V. Giraud), 437. [18] Pensées, 172. [19] A propos de Leuconoé, Revue de Paris, 15 nov. 1928. [20] Introduction au Poème de Laschisch. [21] L’aube spirituelle. [22] Eschyle, Agamemnon. [23] Cité dans W. James, Les Variétés de l’expérience religieuse (trad. Abauzit), pp. 128-131. [24] La vraie religion selon Pascal, p. 388. [25] Lamendé, Les Enfants du siècle, Paris, 1926, p. 216 [26] Daniel-Rops, Notre inquiétude, Paris, 1927, p. 266. [27] Ibid. [28] Jacques Rivière et Paul Claudel, Correspondance, Paris, 1926, pp. 2, 5. [29] Ces mots ne prétendent pas, je tiens à le dire, à trancher la délicate question soulevée par l’attitude intellectuelle et morale de Rivière pendant les années qui ont précédé sa mort. Ici aussi, respectons le mystère de l’âme. [30] Étapes, p. 56. [31] Ibid., p. 40. [32] René Schwob, Moi Juif, Paris, 1928, pp. 48, 96, 212. [33] Ibid., p. 98. [34] D. Guérin, Revue hebdomadaire, 25 juillet 1925. [35] Psaumes 63, 42. [36] René Schwob, ouv. cité, p. 312. [37] A la trace de Dieu, 14 aoà »t 1916. [38] Ibid., 5 octobre 1915. [39] H. Rusillon, Le Paganisme, Paris, 1928, p. 35. [40] Psaume 30. [41] Cité dans Kuhn, Luther, I, p. 58. [42] André Gide, Numquid et tu ?, pp. 58, 61. [43] Job 6/4. [44] Cité par Jérôme et Jean Tharaud, Notre cher Péguy, II, p. 126. [45] Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain, Paris, 1909, p. 67. [46] Lamartine, L’Hymne de la nuit. |