Carême 1930 : Jésus-Christ

La valeur de l’histoire

Des
témoignages contradictoires nous laissant devant un mystère
 : est-ce là, Messieurs, la seule réponse de l’histoire
à qui l’interroge sur Jésus-Christ ?

C’est
bien, en effet, la seule réponse que puissent nous donner les
historiens qui se refusent dans leur reconstruction du passé,
à tenir compte du grand acteur invisible de l’histoire
qui s’appelle Dieu.

Parce
qu’ils mettent délibérément Dieu hors de
l’histoire, ils doivent se résigner à ne saisir
de celle-ci que le dehors ou des aspects fragmentaires. Ses
profondeurs leur demeurent inconnues et son unité leur
échappe.

Notre
étude de l’année dernière sur l’éternel
tourment des hommes nous a conduits à l’affirmation d’un
Dieu vivant qui agit dans et par l’histoire. Et c’est
pourquoi, bien loin de nous inspirer un insurmontable scepticisme,
l’histoire, et très particulièrement l’histoire
de Jésus de Nazareth, revêt à nos yeux une valeur
à laquelle il convient que je vous rende attentifs.

I

Qu’est-ce
que l’histoire ? C’est le récit des événements
qui ont constitué la vie des peuples. Mais le simple énoncé
des faits les mieux établis par des documents ou par des
témoignages suffit-il à nous procurer cette
connaissance du passé ?

Chacun
sait bien que les faits isolés, séparés les uns
des autres, n’ont aucun sens par eux-mêmes. Aussi bien
l’esprit humain se refuse à ce morcellement. Parce qu’il
porte en lui certains principes essentiels qui conditionnent la
pensée humaine, il ne peut se résoudre à ne voir
dans le passé qu’une simple juxtaposition. Les faits du
passé ne deviennent de l’histoire, à nos yeux,
que lorsqu’ils nous apparaissent coordonnés, liés
à ce qui précède et à ce qui suit,
insérés dans un ensemble.

Prenons
si vous le voulez bien, un exemple : la Réforme du seizième
siècle. Elle apparaît, à qui prend la peine de
l’étudier sans parti pris, comme étant, dans son
essence, un mouvement religieux. Toute explication de la Réforme
par les seules causes politiques ou sociales doit être rejetée
comme superficielle, parce qu’un mouvement religieux, à
supposer, comme c’est le cas pour la Réforme, que des
causes d’ordre politique ou social aient contribué à
sa préparation, ne peut pas cependant ne pas avoir à
son origine certaines causes spirituelles.

Pour
connaître la Réforme, il faut donc la situer, l’ordonner
dans un ensemble qui, par les mouvements, religieux eux-mêmes,
auxquels se rattachent les noms de Jean Huss, de Wicliff, de Pierre
Valdo, d’autres encore, la relie indissolublement à tout
ce grand courant spirituel qui, maintenu, endigué, arrêté
momentanément par des persécutions successives, n’en
a pas moins fini par faire irruption dans une chrétienté
où des âmes innombrables étaient prêtes à
l’accueillir.

Ce qui
vient d’être indiqué à propos de la Réforme
pourrait être dit de tout autre événement dont
l’histoire conserve le souvenir.

Toutefois,
il ne suffit pas, pour connaître le passé, de situer les
faits. Il faut encore les interpréter, ou, plus exactement, il
n’est pas possible à l’historien, quelle que soit
son objectivité comme l’on dit, de ne pas leur donner
une interprétation. Et cette interprétation, que
peut-elle être, je vous le demande, sinon la reconstruction du
passé en fonction d’une conception générale
de la vie ?

Qu’ils
s’en défendent ou non, les historiens, les critiques,
les exégètes, sont des hommes appartenant à un
milieu humain où retentissent des passions humaines et que
pénètrent des philosophies humaines. Ils croient au
déterminisme ou à la liberté ; consciemment ou
inconsciemment, ils voient dans l’histoire l’action de
forces mécaniques ou de volontés humaines ; parce
qu’ils vivent, ils ont, ils ne peuvent pas ne pas avoir une
certaine attitude à l’égard de la vie et de la
destinée, et c’est cette attitude qui donne à
leur interprétation des faits du passé sa coloration,
sa nuance particulière.

Cette
interprétation, Messieurs, est inévitable et
nécessaire. « Le passé n’est pas un simple
spectacle où nous serions conviés pour amuser notre
curiosité ou exercer la sagacité de notre esprit. Il
est historiquement la source d’où nous vient la vie. Et,
de plus, il se présente à nous comme une série
d’efforts sans cesse renouvelés pour trouver
théoriquement et pratiquement la solution du problème
que la vie pose en nous (1).

Jésus-Christ
lui-même ne se soumettait-il pas d’avance à la
nécessité de l’interprétation des faits de
l’histoire lorsqu’il posait à ses disciples la
question à laquelle nous aurons bientôt à
répondre pour nous-mêmes : « Qui dites-vous que je
suis ? » (2).

Reconnaissons-le
donc une fois pour toutes : « les faits et les doctrines que,
par l’histoire, nous rencontrons dans le passé, n’ont
toujours de sens et de valeur pour nous que relativement au problème
de la vie et à la solution qu’en vivant actuellement
nous nous efforçons d’y donner. C’est uniquement
en envisageant les faits et les doctrines du point de vue des
questions vitales qui se posent en nous que nous pouvons, à
travers le chaos des contradictions que nous offre le passé,
dégager la vérité qui s’y trouve. Et ceci
revient à dire que, pour éclairer l’histoire, il
faut incessamment projeter en elle une lumière qui ne vient
pas d’elle. C’est donc une illusion que de s’imaginer
qu’on tire d’elle ce qu’on est obligé de lui
fournir pour lui donner un sens » (3).

Il
convient toutefois d’aller plus au fond des choses. Nous ne
connaissons pas encore le passé si l’histoire n’est
pour nous qu’une succession de faits saisis par le dehors, que
coordonne l’esprit de l’homme et que colore une
interprétation humaine.

Les faits
ont un dehors par lequel ils arrêtent nos regards ou nous
frappent dans le sensible. Mais ils ont aussi un dedans. Et ce
dedans, c’est la réalité spirituelle incarnée
dans les faits, qui les soutient en quelque sorte et les explique.
Nul besoin d’adhérer à une foi religieuse pour en
tomber d’accord. Il serait facile de trouver, dans notre
histoire la plus récente, l’exemple de faits qui n’ont
bouleversé la face du monde qu’en raison des volontés
et des énergies humaines incarnées en eux.

Ainsi,
enveloppée par les faits du passé, incarnée dans
ces faits, nous discernons l’action de volontés bonnes
ou mauvaises. Et nous ne commençons à connaître
le passé que lorsque, le considérant par le dedans,
nous retrouvons en quelque sorte son âme, et prenons contact
avec elle,

Mais
cette âme du passé, Messieurs, qu’est-elle d’autre
que la réalité spirituelle que les hommes, bons ou
mauvais, meilleurs ou pires, mettent inévitablement dans les
actes qui constituent la trame de leur vie ?

Et d’où
vient cet élément spirituel de l’homme ? L’an
dernier, vous vous en souvenez peut-être, essayant de chercher
la réponse à l’inquiétude qui monte des
profondeurs de l’âme, nous avons été
conduits à reconnaître en Dieu la solution du problème
que l’homme est à lui-même, et nous avons
découvert dans l’homme, à la racine même de
sa vie spirituelle et de toute son activité morale, une
présence immanente du Dieu vivant. Il y a donc du divin dans
l’humanité, et, par ce seul fait, il y a du divin dans
l’histoire.

Cependant,
ce n’est pas par ce seul chemin que Dieu agit dans l’histoire.
Nous croyons, je vous le rappelais tout à l’heure, à
un Dieu vivant qui est un Dieu de liberté. Nous croyons en un
Dieu dont l’Esprit inspire l’esprit de l’homme, en
un Dieu qui se révèle et dont la révélation,
déterminant de la part de l’homme des attitudes
nouvelles à l’égard de Dieu, à l’égard
de la vie, à l’égard des autres hommes,
conditionne en une grande mesure l’histoire.

Mais le
Dieu de la liberté, coopérateur invisible mais
incessant de l’histoire humaine, exerce son action dans
l’histoire d’une manière plus directe encore. Il y
accomplit ce que, dans le passé déjà lointain de
notre peuple, nos ancêtres appelaient les « gestes de
Dieu ». La vérité, la sainteté, la
justice, l’amour de Dieu s’incarnent dans des hommes,
dans des hommes qu’il suscite, auxquels il adresse une vocation
particulière pour en faire ses révélateurs, ses
témoins, ses messagers, ses ouvriers. Et ils s’incarnent
aussi, nous l’oublions trop souvent, dans des faits qui sont
des avertissements, des appels et parfois des jugements.

Et vous
voyez, dès lors, si nous envisageons l’histoire
religieuse de l’humanité, et, particulièrement,
l’histoire des origines du christianisme, que les faits
eux-mêmes deviennent secondaires : c’est le sens des
faits qui est le principal, et, avec le sens des faits,
l’enseignement religieux, et, n’hésitons pas à
le dire, l’enseignement métaphysique et moral que les
récits qui nous sont transmis par la tradition portent avec
eux. Les faits deviennent doctrinaux. Et, par ailleurs, la doctrine,
liée à l’historicité de faits essentiels
et constitutifs, nous apparaît, non plus comme une doctrine
abstraite, élaborée avec des idées qu’unit
une synthèse plus ou moins organique, mais comme une doctrine
concrète qui plonge ses racines dans les réalités
vitales de l’homme et de l’humanité (4).

Il me
semble que les réflexions que je viens de vous présenter
suffisent à mettre en lumière la nécessité
et la valeur propre de l’histoire évangélique.

Sans
doute, l’histoire ne nous donne pas la vérité
toute faite ; nous ne pouvons pas, néanmoins, nous en passer.
C’est par l’histoire que le christianisme, loin d’avoir
à son origine le mythe dont quelques-uns nous parlent, est
enraciné en pleine humanité ; c’est par elle que
nous savons que Jésus de Nazareth a été inséré
dans la trame des événements humains. Mais « 
l’histoire n’atteste la réalité du Christ
qu’en portant et pour porter un témoignage sur sa vérité
 ». « Les récits dans leur teneur matérielle
sont le véhicule d’une conception, d’une doctrine.
C’est par là qu’ils valent. Voilà ce qu’il
nous faut bien voir.

« 
Et ce qu’il nous faut bien voir encore, c’est que le fond
et la vérité de cette doctrine sont indépendants,
au moins dans une large mesure, de l’exactitude matérielle
des récits... Il y a lieu, par conséquent, de
distinguer l’essentiel de l’accidentel. Nous ne voulons
pas dire : il y a lieu de choisir entre les phrases ou entre les
morceaux de la tradition pour retenir les uns et négliger les
autres, comme si l’essentiel et l’accidentel dont nous
parlons étaient simplement juxtaposés. L’essentiel,
au contraire, est intimement uni à l’accidentel bien
qu’il en soit indépendant » (5).

Le titre
d’évangiles que portent les livres qui nous
conservent les paroles et les actes de Jésus de Nazareth, ne
prouve-t-il pas à lui seul qu’il ne s’agit pas —
nous l’avons déjà noté — de livres
d’histoire ou de biographies au sens que nous donnons à
ce mot ; leurs auteurs sont les interprètes d’une
doctrine du salut. On l’a justement remarqué : au début
de l’Evangile selon saint Marc « Evangile de
Jésus-Christ ne signifie pas Evangile prêché par
Jésus-Christ, mais doctrine dont le contenu essentiel est
Jésus-Christ » (6).
Pour propager cette doctrine, « l’Eglise a eu, dès
l’origine, besoin de traditions sur la vie de Jésus,
mais des souvenirs fragmentaires lui suffisaient pleinement » (7).

Qu’on
n’en conclue pas que les évangélistes ou les
auteurs des sources que le patient travail des critiques a retrouvées
dans nos évangiles se soient permis de tisser, en quelque
sorte, des récits légendaires sur un fond plus ou moins
incertain de réalité historique. Certes, on ne s’est
pas fait faute

d’insinuer
qu’entraînés par leur amour pour le Christ les
premiers chrétiens ont altéré son histoire
authentique et l’ont comme embellie à plaisir. Affirmons
à l’encontre, avec le prédicateur de Notre-Dame :
« Ils l’ont maintenue avec la dernière rigueur,
parce qu’ils aimaient. L’antithèse est complète
et sonne comme une gageure » (8).

Disons
plus : « Si Jésus n’avait pas été
aussi grand et plus grand encore que les évangélistes
nous le représentent, alors ce serait la grandeur de leurs
âmes d’évangélistes qui deviendrait une
merveille inexplicable. Le problème ne serait que déplacé
et rendu plus difficile. Il apparaîtrait subitement au premier
siècle trois ou quatre écrivains dont la vie est
presque inconnue, et qui seraient chacun de plus profonds génies
que saint Paul. Qui peut l’admettre ? » (9).

Telle me
paraît être la valeur propre de l’histoire
évangélique, et, d’une façon plus
générale, de l’histoire humaine dès lors
que nous y reconnaissons l’action du Dieu vivant. Comme il en
avait pleinement conscience, le penseur catholique qu’à
maintes reprises déjà j’ai cité au cours
de nos études, lorsqu’il écrivait : « La
connaissance de nos origines historiques nous aide à remonter
à nos origines métaphysiques et réciproquement.
Et dans la connaissance de nos origines se trouve la connaissance de
nos destinées si bien que le passé, par une
interversion toute naturelle, devient un flambeau qui marche devant
nous pour indiquer la route, une nuée lumineuse qui, dans la
nuit du temps, nous guide vers l’éternité. Et
comme, à un autre point de vue, c’est aussi une
impulsion qu’il nous donne, on pourrait dire encore qu’au
lieu d’être un poids mort ou une chaîne qui nous
retiendrait, il est le flot montant qui nous emporte et nous pousse
vers d’autres rivages » (10).

II

Messieurs,
vous savez tous que, dans son Discours sur l’Histoire
universelle
, Bossuet s’est donné pour tâche de
faire voir dans le Christ le centre de l’histoire de
l’humanité. Idée juste et féconde, mais
dont la réalisation fut irrémédiablement
compromise par une grande erreur. En donnant pour objet à
l’histoire des événements extérieurs :
l’avènement et la chute des empires, les guerres, les
institutions, Bossuet se condamnait d’avance à rester à
la surface des choses et à ne pas saisir les mouvements
spirituels qui sont au fond du drame humain.

Ce qu’il
faudrait, de ce point de vue, donner pour objet à l’histoire,
c’est la vie même de l’humanité avec ses
aspirations et ses remous, avec ses élans vers les sommets et
ses chutes dans les abîmes, avec cette inquiétude
perpétuelle qui la travaille. Plus encore, c’est
l’action toujours immanente de Dieu poursuivant sans se lasser,
à travers le déroulement des faits humains, le dessein
éternel manifesté par la création du monde.
C’est alors que, de l’histoire vue par le dedans, on
pourrait dégager une nouvelle synthèse dont les
éléments les plus divers et, en apparence, les plus
contradictoires feraient pressentir et peu à peu reconnaître
la présence de Jésus-Christ, inconnu ou méconnu,
désiré, accepté ou repoussé, mais
toujours principe et centre du mouvement (11).

Bossuet
n’a pas été le premier à faire converger
vers le Christ l’histoire entière de l’humanité.
Bien avant lui, l’apôtre saint Paul embrassait dans son
ensemble tout le développement historique de l’humanité
et en voyait, dans l’Evangile, le terme et le couronnement. Et
toujours, affleurant à travers les accidents de l’histoire
et les faisant, au reste, con- courir à ses fins, l’apôtre
découvrait la sagesse souveraine de Dieu faisant, avec une
infinie patience, l’éducation de l’humanité
et préparant le jour où, dans le Christ, l’homme
retrouverait le secret de sa filialité divine (12).

Et peu
avant saint Paul, Etienne, le premier martyr, dans le discours qu’il
prononça avant de mourir — discours dont, je le sais,
maints critiques contestent l’authenticité mais auquel
un théologien comme Auguste Sabatier reconnaissait une grande
valeur — ne montrait-il pas, lui aussi, par l’histoire de
son peuple, les obstinations des hommes à repousser la
miséricorde de Dieu concourant à leur manière
aux intentions de la sagesse éternelle et acheminant
l’humanité vers celui qui devait répondre à
son attente ? (13).

Sont-ce
là, Messieurs, vues de théologiens ou de mystiques ? Ou
bien Jésus-Christ lui-même a-t-il eu conscience que son
enseignement et sa personne marquaient un achèvement ?

Restons
bien entendu, pour le moment tout au moins, sur le terrain de
l’histoire, mais de l’histoire vue par le dedans.

Jésus
ne se présente pas dans l’histoire comme un isolé.
Quel que soit le caractère des généalogies par
lesquelles s’ouvrent deux de nos Evangiles, elles ont à
tout le moins une valeur de symbole ; elles montrent de quelle
manière les chrétiens de l’âge apostolique
entendaient rattacher la personne, l’action et l’enseignement
de leur Maître à l’histoire de sa race et, par
delà l’histoire, à Celui qui la transcende :
« Jésus, fils de Joseph… fils d’Adam,
fils de Dieu »
(14).

Jésus
lui-même, d’ailleurs, se rattache consciemment au passé
d’Israël. Par la démarche qu’au seuil de son
ministère il accomplit auprès de Jean-Baptiste, il
affirme sa volonté de se rendre solidaire, aussi étroitement
qu’il le peut, de son peuple, de ses espérances
religieuses, de son effort vers Dieu, solidaire aussi des misères
et des souffrances qui sont les conséquences de ses erreurs et
de ses fautes, solidaire même de sa repentance. Par tout son
enseignement il s’affirme l’héritier des
prophètes, il reprend les données essentielles de la
révélation dont, au cours des derniers siècles,
ils ont été les organes, et il a conscience d’apporter
à cette révélation son achèvement. Et
nous verrons bientôt comment, dans la loi elle-même, à
l’égard de laquelle son attitude est à bien des
égards singulièrement révolutionnaire, il
discerne une vérité éternelle dont il entend
être le témoin : « Je suis venu, dit-il, non
pour abolir, mais pour accomplir » (15).

Ainsi,
Jésus a le sentiment très net qu’il répond
à une attente de son peuple, qu’il vient après
une longue préparation.

Inutile
d’insister, me semble-t-il, après ce que nous avons vu
l’année dernière, sur cette attente qui, inspirée
et développée en partie par l’action des
prophètes, en partie par les souffrances tragiques du peuple
d’Israël, était devenue le messianisme, cette
espérance, plus politique chez les uns, profondément
religieuse chez les autres, qu’un être surnaturel, le
Messie, serait bientôt donné par Dieu à son
peuple et exaucerait tous les soupirs vers la délivrance
auxquels les prophètes, les psalmistes, les justes d’Israël,
avaient donné pendant bien des siècles une si poignante
expression.

De cette
attente, Messieurs, ne relevons pas simplement les multiples
symptômes au sein du judaïsme antérieur à la
venue de Jésus de Nazareth. Elle n’est pas moins
manifeste dans le monde païen. Qu’est-ce que le centurion
de Capernaüm que l’Evangile nous montre auprès de
Jésus, sinon le témoin de l’aspiration de l’âme
païenne, aimantée vers une réalité
spirituelle qu’elle ne peut pas saisir dans les multiples
religions du paganisme antique ? A cette attente, le Christ apporte
une réponse dont mieux que quiconque saint Paul a mis en
lumière la pleine efficacité. Toute sa philosophie de
l’histoire, d’une histoire encore une fois où Dieu
est acteur, nous achemine vers un Libérateur en qui nous
reconnaissons, selon le mot du Père Gratry, « l’homme
que cherchent tous les hommes, le Bien-Aimé de chaque âme
et le Désiré des nations ».

Toutefois,
bornons-nous pour l’instant à constater des faits
certains. Au temps de Jésus, le monde gréco-romain est
travaillé par une aspiration religieuse à laquelle les
religions des Mystères dont quelques historiens tirent les
conclusions que je vous ai signalées, rendent un témoignage
irrécusable et singulièrement émouvant. Partout
s’avère un besoin de délivrance, de purification,
de certitude d’immortalité.

Certes,
ce besoin s’exprime parfois dans des formes dont la grossièreté
nous répugne, mais néanmoins, à travers toutes
ces religions qui appellent à leurs cérémonies
initiatrices les païens altérés de purification
morale, nous discernons, dans l’âme antique, la recherche
émouvante d’une rédemption.

Dans les
faits extérieurs eux-mêmes, à l’époque
de Jésus-Christ, le monde gréco-romain semble prêt
à seconder la propagation de la Bonne Nouvelle qu’apporte
Jésus de Nazareth. La paix romaine qui fut, beaucoup plus
qu’on ne le pense, une réalité dont les
provinces, au premier siècle, éprouvèrent les
bienfaits, apporte à l’apostolat chrétien
d’immenses facilités. Ajoutez à cette stabilité
politique le fait que tous les peuples qui entourent la Méditerranée
entendent une même langue, un grec un peu commun, ainsi qu’on
l’a nommé, la langue, en somme, des Evangiles et d’une
grande partie du Nouveau Testament, et vous mesurerez quel avantage
devaient en retirer les messagers du Christ.

Il n’y
a pas jusqu’aux routes romaines, ces routes magnifiques par
lesquelles les légions de Rome pouvaient se porter rapidement
aux frontières de l’empire, et que suivaient les convois
de blé destinés à ravitailler Rome et l’Italie,
qui n’aient offert à saint Paul et à ses
compagnons d’admirables moyens de communication qu’ils
surent mettre au service de Jésus-Christ et de son Evangile.

Ainsi,
Messieurs, le Christ apparaît comme un sommet vers lequel
s’élèvent, en se rapprochant les uns des autres,
les chemins les plus divers par lesquels s’avançait
l’humanité, gémissant souvent, mais cherchant
toujours à se dépasser elle-même. Et, dans cette
montée des peuples à la rencontre du Christ, nous
reconnaissons, une fois encore, l’action du Dieu vivant se
résignant aux pires malentendus, acceptant même les
pires travestissements, mais toujours sollicitant, stimulant,
fortifiant le désir des hommes d’aller à sa
recherche et s’abaissant jusqu’à eux pour les
aider à s’élever jusqu’à lui.

III

Toutefois,
à méditer les paroles de Jésus, à
considérer son action la plus certaine, nous ne découvrons
pas seulement en lui la conviction qu’il accomplit le passé
 ; il a conscience d’être l’objet d’une
vocation unique.

On
discutera longtemps encore, sans doute, sur les motifs qui ont
inspiré à Jésus de Nazareth le désir de
tenir secrète, au moins pour un temps, sa messianité.
Mais il semble décidément difficile de voir, dans
l’affirmation de cette messianité, une création
de l’âge apostolique (16).

Jésus
n’a pas repoussé l’hommage qu’au nom de ses
compagnons lui a rendu l’apôtre Pierre lorsque, dans
l’entretien de Césarée de Philippe, qui ne peut
pas ne pas constituer une des articulations essentielles du ministère
de Jésus, il l’a proclamé le Messie.

Il y a
plus. En se nommant, de préférence, le Fils de l’Homme,
Jésus n’a nullement entendu affirmer sa parfaite
humanité, comme on le prétend parfois ; il a voulu,
tout au contraire, accentuer le caractère surnaturel et la
portée universelle de sa vocation messianique.

Le Fils
de l’Homme, c’est cet être mystérieux,
entrevu par le prophète Daniel et dont toute une littérature
religieuse, antérieure à la venue du Christ, avait peu
à peu précisé les traits, qui devait, après
l’avènement de l’âge messianique, juger au
nom de Dieu tous les peuples de la terre.

Que Jésus
se considère bien comme appelé à remplir cette
charge redoutable résulte de la déclaration qu’il
fit au grand prêtre lorsqu’à la question de
celui-ci : « Es-tu le Messie, le fils du Béni ? »
Il répondit : « Je le suis et vous verrez le Fils de
l’homme assis à la droite de la puissance et venant sur
les nuées du ciel » (17).

Jésus,
nous y avons insisté l’an dernier et ce n’est
point ici, par conséquent, le moment d’y revenir, se
sait le porteur d’une révélation de Dieu qui ne
peut être dépassée : « Nul ne connaît
le Père que le Fils, s’est-il écrié un
jour, et celui auquel le Père l’a révélé
 » (18).

Jésus
a conscience que la paternité divine, telle qu’il l’a
révélée par son enseignement et, plus encore,
par sa vie religieuse elle-même, est l’achèvement
suprême et définitif de toute la révélation
religieuse apportée à son peuple par ceux qui l’ont
précédé. En elle se dévoile le mystère
des origines, mais en elle aussi se découvre la fin voulue de
Dieu.

Ce n’est
pas simplement, en effet la perfection de sa révélation
religieuse qui donne à la mission de Jésus un caractère
définitif, c’est aussi l’objet suprême de
cette mission : le Royaume de Dieu.

Essaierons-nous
de préciser ce que Jésus entendait par le Royaume de
Dieu, ou, comme l’appelle le premier Evangile, le Royaume des
cieux ? Nous demanderons-nous si, dans sa pensée, le Royaume
de Dieu est essentiellement un organisme spirituel, dont sa seule
présence manifeste la réalité et auquel
s’agrégeront tous les hommes qui, répondant à
son appel, deviennent, en lui et par lui, les fils du Royaume ?

Rechercherons-nous
si le Royaume de Dieu n’est pas plutôt une économie
toute nouvelle, s’instaurant à la place de l’économie
présente, sur l’initiative souveraine du Père, en
réponse à l’attente et à la prière
des justes ? Nous efforcerons-nous par l’étude des
textes, de déterminer si le Royaume doit s’établir
sur la terre ou s’il appartient, au contraire, à l’ordre
des réalités éternelles ?

En
vérité, il n’importe à notre propos
actuel. Le Royaume de Dieu marque indiscutablement pour Jésus
une transformation radicale de l’économie présente.
Il implique la fin d’une période de l’histoire,
une fin qui manifestera la sagesse des initiatives divines que les
accidents de l’histoire ne pourront empêcher toujours
d’atteindre leur but.

Une autre
observation s’impose. Même si Jésus « a
conçu son œuvre dans le cadre de la nation juive »
(19),
l’universalisme le plus large se trouve au moins en germe dans
son enseignement. Au surplus, il était trop complètement
l’héritier de la pensée prophétique pour
ne pas avoir la certitude que la venue du Royaume de Dieu
manifesterait, à l’égard de tous les peuples de
la terre, la miséricorde éternelle du Père.
N’a-t-il pas dit 1ui-même à ses disciples : « 
Je vous déclare que plusieurs viendront de l’Orient et
de l’Occident et se mettront à table avec Abraham, Isaac
et Jacob, dans le Royaume des cieux » ? (20).

Mais,
plus frappante encore que le caractère définitif que
Jésus assigne à sa révélation de Dieu et
à l’objet de sa mission, est la valeur unique qu’il
attache à sa personne.

Serait-ce
là, de sa part, marque d’orgueil ? Au contraire, jamais
homme n’a laissé le souvenir d’une pareille
humilité. A recueillir, dans le Nouveau Testament, l’écho
de l’impression faite par Jésus sur ses premiers
disciples nous sentons que nous sommes en présence d’un
homme qui, plus que tout autre, a eu le droit de dire : « Venez
à moi... je suis doux et humble de cœur » (21).

Et
pourtant le fait est là. Jésus se distingue
radicalement de tous ceux qui l’ont précédé.
Rappelez-vous la Parabole des vignerons (22).
Que les critiques, en scrutant le texte, cherchent à
déterminer ses éléments divers, j’y
consens et je reconnais la légitimité de leur labeur.
Mais, du point de vue spirituel, que peuvent valoir leurs hypothèses
à côté de cette affirmation qui, projetant une
lumière soudaine sur les intentions de Dieu, nous le montre
intervenant dans l’histoire par le don de son Fils. Les autres
ne sont que des serviteurs, des envoyés ; Jésus, lui,
est le Fils.

Remarquez
encore avec quelle insistance cet humble de cœur revendique une
place qui, aux yeux de ses adversaires et d’un grand nombre de
ses auditeurs, ne peut appartenir qu’à Dieu. « 
Suivez-moi, venez à moi, apprenez de moi...
 », répète-t-il à maintes reprises.

Cette
valeur absolue de sa personne, cette autorité souveraine,
Jésus l’affirme en face de la Loi elle-même.

Il nous
est difficile de nous représenter exactement l’autorité
divine que les Juifs reconnaissaient à la Loi, à
l’époque de Jésus-Christ. Non pas seulement au
Décalogue ou, d’une façon plus générale,
à la loi de Moïse, mais aux innombrables prescriptions
qui, appliquant la Loi à tous les cas possibles et
imaginables, avaient fini par emprisonner l’existence tout
entière dans un cadre rigide de commandements et de défenses.
Dieu lui-même, à en croire certains rabbins, consacrait
plusieurs heures par jour à la méditation de la Loi
(23).

Jésus,
dans l’Evangile, n’hésite pas à mettre son
autorité personnelle au-dessus de celle de la Loi. Vous vous
rappelez avec quelle force, dans le Sermon sur la Montagne, il
s’écrie, à six reprises, se référant
à des textes de la Loi : « Il a été dit
aux anciens.., mais, moi je vous dis... » (24).

Qui donc
est-il, cet homme qui revendique semblable autorité ? Qui donc
est-il pour affirmer la valeur absolue, non pas seulement de son
message, mais aussi de sa personne ?

Plusieurs siècles auparavant un grand prophète,
décrivant la venue d’un serviteur mystérieux du
Dieu vivant, disait de lui : « Il n’avait ni beauté,
ni éclat pour attirer les regards » (25).
Nous ne trouvons pas, non plus, chez Jésus, ce relief accusé
du caractère que présentent les personnalités
les plus fortes dont l’histoire garde le souvenir. Il nous
semble impossible de le mettre en parallèle avec ceux qu’on
regarde comme les grands hommes ou les grands génies de
l’humanité. Nous sentons qu’il est à part.
Une parfaite possession de soi-même, une harmonie incomparable
des vertus les plus simples et, tout à la fois, les plus
extraordinaires voilà ce qui rayonne de Jésus de
Nazareth. Et, dans cette harmonie, dans l’art avec lequel il
domine toujours les événements, nous ne sentons aucun
effort. Rien d’acquis en tout ceci ; cette splendeur morale
apparaît aussi naturelle que l’acte de respirer ou de
parler.

Jésus
n’a point fait d’apprentissage, note justement un
écrivain contemporain. Dès le début, à
peine remonté du Jourdain, il nous apparaît avec la
pleine conscience de son but et de ses moyens. Pas un instant il n’a
dévié, pas un instant il n’a hésité
 » (26).

Un seul
mot, Messieurs, jaillit des profondeurs de l’âme qui, se
mettant loyalement en présence de Jésus de Nazareth,
s’efforce de découvrir le secret de sa personnalité
morale et se laisse envelopper et pénétrer par le
rayonnement unique de cette pureté, et c’est le mot de
sainteté !

Ce mot,
Pascal le prononçait, après tant d’autres,
lorsqu’il disait dans l’une de ses pensées :
« Jésus-Christ, sans biens et sans aucune
production au dehors de science, est dans son ordre de la sainteté.
Il n’a point donné d’invention, il n’a point
régné ; mais il a été humble, patient,
saint, saint à Dieu, terrible aux démons, sans aucun
péché. Oh, qu’il est venu en grande pompe et en
une prodigieuse magnificence aux yeux des cœurs qui voient la
sagesse » (27).

L’histoire
serait-elle en droit de nous interdire de prononcer ce mot de
sainteté ?

Nullement,
Messieurs, car l’histoire nous enseigne ceci : en Jésus
de Nazareth, l’œil le plus critique, l’observation
psychologique la plus sagace et la plus pénétrante ne
décèlent aucune trace du sentiment du péché,
aucune trace de remords. Les paroles de Jésus et ses actes
nous révèlent, par ailleurs, une conscience infiniment
délicate.

Et
l’histoire nous apprend aussi que les disciples du Christ ont
cru à sa sainteté, l’ont proclamée avec
une inébranlable conviction qui est celle des chrétiens
de tous les siècles.

L’histoire
ne peut pas aller au delà. Mais, en vérité, que
nous importe ici son témoignage ? « La sainteté,
a écrit Frommel, ne se démontre pas ; elle s’atteste
à la conscience ». Elle est, pour les évangélistes,
d’une évidence telle qu’ils ne songent pas un
instant à l’établir. Pas davantage ne jugent-ils
à propos de rendre hommage à la sainteté de leur
Maître par des paroles laudatives. La parfaite sobriété
du récit nous les fait voir vivant dans une atmosphère
d’incomparable pureté. Si les disciples de Jésus
de Nazareth croient d’une foi invincible à sa sainteté,
c’est parce qu’à son contact ils se sentent
pénétrés par une influence surnaturelle et
sanctifiante, c’est parce qu’à leurs yeux le
caractère moral de Jésus reflète Dieu lui-même.
Pour eux, il n’a pas seulement moins de péché et
plus de vertu que les autres hommes. Sa suprématie, dans
l’ordre moral est, non pas comparative, mais absolue.

« 
Cette sainteté, note admirablement Auguste Sabatier, s’affirme
à chaque pas de la carrière de Jésus et demeure
permanente. Non seulement il ne se sent jamais séparé
de Dieu par le sentiment de ses fautes, mais il n’est pas
divisé au-dedans de lui-même. L’équilibre
de sa vie intime n’est jamais rompu. Il jouit d’une paix
profonde avec lui-même et avec son Père. Jamais un
souvenir pénible de honte ou de regret ne vient troubler ce
calme. Sa conscience n’a pas reçu de blessures, car elle
ne porte pas de cicatrices. Il faut signaler également
l’absence de ces plaintes qu’arrachent aux meilleurs des
hommes le sentiment de leur impuissance morale, la distance qui
sépare toujours la réalité de leur vie de
l’idéal qu’ils poursuivent... Rien de tel chez
Jésus. Sans doute il y a eu tentation humaine, lutte, effort
dans sa vie, et c’est par là qu’il a pris un
sentiment si vif et si profond du péché... Mais il n’a
jamais lutté en vain ; son effort ne s’est jamais trouvé
trop court et sa volonté trop faible. L’intervalle entre
la réalité et l’idéal s’est trouvé
chaque fois comblé. Ce qui devait être a été
 » (28).

Voilà
ce dont les évangélistes donnent l’impression
saisissante d’avoir été les témoins. Et la
foi des chrétiens de tous les siècles saisissant, dans
l’existence historique de Jésus-Christ, la réalité
éternelle qui la conditionne, confirme le témoignage
des premiers disciples : Jésus est l’homme immaculé,
le seul être humain sans péché (29).
« D’une confession à l’autre, d’une
Eglise à l’autre, d’une époque à
l’autre, il n’y a sur ce point aucune division, aucun
dissentiment. Il n’y en a jamais eu, malgré les
occasions infinies de dix-neuf siècles d’histoire ; et,
selon toute apparence, il n’y en aura jamais » (30).

Etrange
expérience, en vérité, que celle qu’ont
faite et que font encore les hommes les plus différents les
uns des autres qui, ayant abordé le problème du Christ
par le côté intellectuel, se sentent peu à peu
transportés sur le plan de la vie morale. Ils étudiaient
le Christ en historiens ou en critiques et, tout à coup, ils
s’aperçoivent que c’est le Christ qui les observe
et scrute leur vie intérieure. Un trouble spirituel les
envahit et, comme l’apôtre Pierre, ils sont tentés
de s’écrier : « Retire-toi de moi, je suis un
homme pécheur » (31).

Nous
voici donc, aujourd’hui encore, devant un mystère, et
c’est en réfléchissant sur la valeur de
l’histoire que nous y avons été conduits. Non
plus le mystère d’une personnalité qui échappe
à l’étreinte de l’histoire — si nous
ne savons pas pleinement encore qui est Jésus-Christ, nous
savons qu’il a été — mais mystère
d’un homme qui, semblable à nous en toutes choses, est
tout à la fois si totalement différent de nous, mystère
d’une perfection se manifestant dans la misère humaine,
mystère d’une valeur absolue se révélant
dans un monde où tout est relatif.

Comprendrez-vous,
Messieurs, que devant ce mystère, nous ne puissions borner
notre ambition à une connaissance historique, si précise
soit-elle de Jésus-Christ et qu’il nous faille encore,
qu’il nous faille surtout le connaître d’une
connaissance spirituelle ?

A chacun
de nous, engagé dans le drame humain, appelé à
donner un sens à sa vie, à s’orienter vers une
destinée, il importe de savoir si ce mystère ne porte
pas en lui des clartés décisives par quoi nous
découvrirons notre destinée véritable.

C’est
ce que nous rechercherons dans notre prochain entretien.

1()
Laberthonnière, ouvr. cit., p. 143.

2()
Matthieu 16/15.

3()
Laberthonnière, ouvr. cit., p. 147.

4()
Cf. Laberthonnière, ouvr. cit., p. 41, 45.

5()
Cf. Laberthonnière, ouvr. cit., p. 129, 42, 43.

6()
Goguel, Jésus de Nazareth, p. 232.

7()
Ibid., p. 234.

8()
R. P. Pinard de la Boullaye, Jésus et l’Histoire,
Paris, Spes, 1929, p. 214.

9()
Allo, ouvr. cit., p. 127.

10()
Laberthonnière, ouvr. cit., p. 176.

11()
Cf. Laberthonnière, ouvr. cit., p. 171, n. 1.

12()
Voir, sur ce point, Sabatier, L’Apôtre Paul, 3°
édit., pp. 336 et suiv.

13()
Voir ibid., pp. 22 suiv.

14()
Luc 3/23 & 38.

15()
Matthieu 5/17.

16()
Goguel, Critique et Histoire, p. 138.

17()
Marc 14/61-62. Cf. Goguel, Jésus et la tradition
religieuse de son peuple
, p. 236.

18()
Matthieu 11/27. Voir dans Dieu, l’éternel tourment
des hommes
, la VI° conférence : le Dieu de
l’Evangile.

19()
Goguel, ibid., p. 169.

20()
Matthieu 8/11.

21()
Matthieu 11/28-29.

22()
Matthieu 21/33 suiv.

23()
Voir P. de Grandmaison, Jésus-Christ, Paris,
Beauchesne, 1928, t. II, p. 8 suiv.

24()
Matthieu 5/22, 28, 32, 34, 39, 44.

25()
Esaïe 53/2.

26()
Allo, ouvr. cit., p. 125.

27()
Pensées (édit. Giraud), 793.

28()
Encyclopédie des Sciences religieuses, t. VII, p. 368.

29()
Voir Carnegie Simpson, le Fait du Christ, Paris, Fischbacher,
1907, p. 51.

30()
Frommel, L’Expérience chrétienne, t. II,
p. 62.

31()
Luc 5/8. Cf. Carnegie Simpson, ouvr. cit., p. 65.