Carême 2009 : A LA DÉCOUVERTE DE JEAN CALVIN

SINGULIÈRE BÉ‚¬Â°ATITUDE

La vie humaine est environnée et quasi assiégée de misères
infinies. []

De quelque côté que nous nous tournions, tout ce qui est
autour de nous, non seulement est suspect, mais nous menace
quasi ouvertement, comme s’il voulait causer notre mort.
Montons en un bateau, il n’y a qu’un pied entre la mort et
nous.

Que nous soyons sur un cheval, il suffit qu’il choppe d’un pied
pour nous faire rompre le cou.

Allons par les rues, autant qu’il y a de tuiles sur les toits,
autant sont-ce des dangers sur nous. []

Enfermons-nous en un beau jardin où il n’y ait que du plaisir,
un serpent y sera quelque fois caché. []

Entre telles perplexités, l’homme n’est-il pas plus que misérable,
comme si il n’était qu’à demi en vie, [] et qu’il se voyait le
couteau sur la gorge à chaque heure ? []

Au contraire, si la providence de Dieu rayonne dans son coeur,
non seulement il sera délivré de la crainte dont il était pressé
auparavant, mais il sera libéré de tout doute. []

C’est donc pour nous un soulagement merveilleux d’entendre
que le Seigneur tient tellement toutes choses en sa puissance
[] que rien n’arrive autrement qu’il l’a destiné ; davantage
c’est un soulagement de savoir qu’il nous a reçus en sa
sauvegarde, nous a placés en la charge de ses Anges, pour qu’il
n’y ait ni eau, ni feu, ni glaive, ni rien qui puisse nous nuire,
sinon que son bon plaisir le veuille []

En somme, je dis que l’homme ne peut avoir de plus grande
misère que d’ignorer la providence de Dieu et, d’autre part,
que ce lui est une singulière béatitude de bien la connaître.

Institution de la religion chrétienne, I, 17, 10 et 11.